Randonues en Cantal

Du 17 au 24 septembre 2020

Je suis parti quelques jours en avance par rapport aux dates de la location du gîte afin de faire un peu de tourisme.

Mercredi après-midi, j’arrive, après une longue route encombrée de travaux et déviations, au camping de Saint Jacques des Blats.

Une pluie fine s’estompe rapidement pour laisser place à un ciel bleu.

« installez vous et venez vous inscrire entre 17 et 18 h », informe une affiche sur la porte du bureau.

Je choisi un espace gazonné non loin des sanitaires et monte ma petite tente.

A l’heure dite je m’inscrit et paye d’avance pour trois nuits.

La soirée arrive et après un repas simplifié, je me retire dans ma tente.

Je n’y avais pas fait attention dans la journée, mais le bruit du trafic incessant de poids lourds qui descendent la route nationale en frein moteur devient insupportable et m’empêche de dormir.

Vers 23 h, n’en pouvant plus, je décide de déménager et d’aller dormir ailleurs dans ma voiture.

En effet, en rabattant les sièges (y compris celui du passager) je dispose d’une surface presque plane de près de 2 m de long.

Je remonte une petite route pour gagner le col du Perthus et m’installe sur un parking ce soir vide.

Le lendemain matin (jeudi) je retrouve ma tente au camping et, compte tenu de la modicité de la prestation, décide de l’y laisser afin de profiter des commodités du lieu.

Aujourd’hui, le géologue a prévu d’aller visiter les volcans les plus récents d’Auvergne : le lac Pavin (- 6000 ans) et le Puy de Montcineyre (-5800 ans).

C’est un peu loin de ma base de départ, mais, tant-pis, je suis curieux.

Le Montcineyre est un modeste cône volcanique qui a barré un vallon permettant ainsi l’établissement d’un lac à son amont. La coulée de lave est bien identifiable sur les cartes, mais sur place recouverte de forêt, hors la surface très bosselée, il ne reste rien en surface des laves cordées de la “cheire“ que j’espérais observer.

Front de la coulée de lave du Montcineyre (env. – 5800 ans)

Le cône comporte deux profonds cratères, mais dont on ne peut voir le fond à cause de la végétation. La vue du sommet est entravée par les arbres. Un raide chemin de descente m’amène au bord du vaste lac. D’ici l’ambiance est sauvages, pas de construction visible, une ceinture de forêt et quelques prairies.

J’aurais bien tenté une petite baignade nu, mais interdiction : l’eau du lac est utilisée pour l’alimentation humaine. Les vaches ne savent pas lire les panneaux et bousent sur la plage de sable gris et même dans l’eau.

Retour à la voiture par de belles prairies jaunies par la sécheresse de l’été où paissent de nombreuses salers à la toison rouge et aux cornes effilées.

Si j’ai pu faire cette première petite rando nu presque tout du long, il n’en sera pas de même pour la suivante : le lac Pavin, haut lieu touristique.

L’ambiance est tout de suite donné dès le parking où stationnent quelques centaines de voitures et de camping-cars. Je ne serais certainement pas seul.

Le lac, tout rond, de près d’un kilomètre de diamètre, enchâssé dans un cercle de forêt et de rochers est impressionnant, surtout quand l’on sait qu’il s’agit du cratère d’une énorme explosion volcano -phréatique qui a dû propulser dans les airs près d’un Km3 de roches broyées.

Ce phénomène appelé “maar“ est dû à la rencontre en profondeur d’une montée de lave avec une nappe phréatique abondante.

Le lac est dominé par le volcan du Montchal.

Là, un bon chemin monte au sommet partiellement dégagé de la forêt, ménageant un large panorama sur le Puy de Sancy, malheureusement massacré par la station de ski de Super Besse.

Le cratère, déboisé, est bien moins profond et mystérieux que ceux du Montcineyre.

Cratère du Puy de Montchal

Je finis ma petite boucle par la rive opposée.

Retour au camping. Je dormirais encore ce soir dans ma voiture sous un ciel extraordinairement étoilé. Dans les Alpes, proches des villes, on a perdu l’habitude de voir la Voie lactée.

La météo est très pessimiste pour notre semaine de randonue collective. Je décide donc de monter en avant première au Puy de Peyre Arse, depuis Lavigerie, une des plus belles randos que l’on puisse faire ici. Ce sera toujours cela de pris.

Le puy de Niermond qui sera l’objet d’une prochaine randonnée.

Le ciel est presque sans nuages. Hors des chevaux, personne en vue, mais j’observe cependant des traces de pas récentes dans la boue du chemin. Je ne suis pas seul sur cet itinéraire entièrement déboisé. Qu’importe, la vue porte loin. Je puis me mettre nu.

En effet, je rattrape progressivement un couple qui me voit nu de loin. Ils font une pause aux ruines de Peyre Arse. J’enfile mon short et les dépasse. Bonjour … bonjour, pas de réflexion. Cent mètres plus loin, je suis à nouveau nu.

D’une large croupe, l’arête devient de plus en plus effilée et rocheuse. J’adore ces passages qui nécessitent un peu d’escalade.

Un violent vent du sud (heureusement chaud) balaye les crêtes et par moment, je crains de me faire bousculer.

Un couple (un autre) s’abrite derrière un gros bloc sur le dernier col. Il faut bien me rhabiller, d’autant plus que le sommet est occupé et que d’autres personnes montent par la voie normale.

Descente sur le col de Cabre.

Je gagne le col de Cabre et descend sur Lavigerie par le vallon des 3 cols. Un joli chemin creux bordé d’arbres me ramène à la civilisation. Je ne me rhabillerais qu’au goudron.

Jacques Marie me téléphone pour me dire qu’il sera sur le Cantal dès ce soir avec son petit camping-car. Nous nous donnons rendez-vous pour passer la nuit au col du Perthus où j’ai désormais mes habitudes.

Samedi matin, la météo a tourné. Les sommets fleurtent avec les nuages. L’après-midi est réservé pour faire des courses. Nous décidons d’aller du col au Puy Griou peu éloigné. Une erreur d’itinéraire de ma part (je voulais absolument éviter les larges pistes tracées dans la forêt) nous conduit au Puy de l’Usclade. Beau panorama, mais un peu ennuagé. Retour. La pluie menace.

Les courses indispensables réalisées à Murat, nous prenons le chemin du gîte à la Gravière, hameau de Lavigerie.

C’est une grande maison de pierre sur trois niveaux. Les seules ouvertures donnent au Sud.

Au rez-de-chaussée, une large salle avec une immense cheminée : le Cantou où l’on peut se tenir assis autour du poêle qui en occupe le centre. Ce niveau comporte aussi une grande chambre avec un lit double et une salle de bain attenante.

Un vaste salon occupe le premier étage. On y trouve aussi une chambre, un cabinet de toilette et une alcove.

Le dernier étage, sous le combes, toujours aussi vaste, n’est malheureusement éclairé que par de toutes petites fenêtres et stagne dans une demi obscurité assez déprimante.

Les amis arrivent les uns après les autres. Ce soir nous seront dix. Chantal ne viendra que lundi soir.

Dimanche matin, le ciel est gris et un petit crachin flotte dans l’air. La météo annonce une amélioration dans la journée. Je propose le plateau du Limon et le Puy de Niermond comme première randonue en groupe. Après quelques cafouillages dans un hameau, un bon chemin nous monte au plateau.

Nous sommes déjà presque tous nus quand un chasseur en quad nous rattrape et nous double sans s’arrêter. Ils nous a certainement aperçu nus.

D’autres chasseurs sont dissimulés sur une crête rocheuse. Une harde de cerfs fuit au travers des prairies. Nous admirons l’aisance avec laquelle ils sautent les barbelés.

Le plateau du Limon est un immense plan peu incliné (une planèze) ou ne s’élève aucun arbre. Des petits troupeaux de vaches s’égaillent sur sa surface jaunie.

Mais on est dans le massif Central, les barbelés, souvent en double et sur trois rangées découpent l’espace et si l’on ne trouve pas des passages aménagés, obligent à de périlleuses gymnastiques. Nous suivons un temps un vieux chemin bordé d’énormes cairns : le sentier des Quirous. Les quirous sont ces balises de grosse pierres placées tous les dix mètres qui évitent depuis des siècles au passant de se perdre dans le brouillard ou la neige.

La longue montée vers le Puy de Niermond s’éternise.

Le sommet espéré s’avère plusieurs fois n’être qu’une antécime. Enfin… Une barre rocheuse dans le brouillard nous arrête à son sommet.

Deux femmes arrivent. Certains d’entre nous ne se rhabillent pas. Elles ne semblent pas troublées par notre nudité. Elles discutent avec nous sur l’itinéraire et demandent à consulter notre carte.

Le retour que j’ai prévu quitte les chemins pour s’engager dans des prairies pentues et des landes à genets. Nous naviguons à l’estime et au GPS. J’ai observé avant hier depuis Peyre Arse que des barres rocheuses nous séparent de la route. J’impose donc une traversée horizontale dans un bois qui commence à prendre les couleurs d’automne pour rejoindre une zone plus favorable. Un triple barbelé nous en sépare. Il faut se glisser en dessous en rampant.

Finalement, nous gagnons une maison, puis une route et un chemin nous ramène au point de départ.

Lundi matin, la météo annonce de la pluie pour midi. Une rando courte s’impose. Ce sera le Puy de Seycheuse qui fait face à notre gîte.

Un chemin creux bordé d’arbres monte en diagonale dans le versant jusqu’à une large selle de prairies occupée par quelques ruines d’une ancienne vacherie. La vue se dévoile sur la vallée de Murat, mais les plus hauts sommets restent obstinément cachés dans des nuages.

Une cavalcade attire notre attention : comme hier, il s’agir d’une harde de cerfs qui s’enfuit.

Nous remontons la crête en direction du sommet et sommes bientôt engagés dans ces mêmes nuages.

Vision fantomatique de corps nus dans le brouillard et bientôt de la solide croix sommitale à proximité de laquelle nous prenons une petite collation.

L’ambiance étant quand même un peu fraîche, nous entamons assez rapidement la descente sur l’arête Est. Une déchirure dans les nuages nous fait brièvement apparaître le sommet d’où nous venons.

Le retour sera hors sentier, à travers des prairies.

Derrière des rochers, nous distinguons des silhouettes humaines : des chasseurs postés. L’éclat d’une paire de jumelles trahis que nous sommes observés.

Un peu plus à droite, monte un groupe de randonneurs qui s’arrête pour également regarder.

Quelques franchissements hasardeux de barbelés plus bas nous arrivons au village. Nous sommes de retour un peu avant midi et le gros de la troupe décide d ‘aller manger au restaurant à Murat.

Un quart d’heure après notre arrivée, une pluie battante s’abat et durera une bonne partie de l’après-midi.

Le soir, Notre amie Chantal vient renforcer le groupe et apporte force victuailles locales.

La météo pour mardi est encore indécise. La pluie n’est pas prévue et une éclaircie devrait égayer l’après-midi.

Afin de ne pas trop s’engager j’ai choisi une rando plutôt courte avec un retour facile : l’Élancèze depuis la ferme de Lagat.

Un bon chemin carrossable monte au col du même nom. Un timide soleil nous accompagne. Dès la ferme perdue de vue, certains sont déjà nus. Mais voila que surgit un quad. Ils n’ont pas le temps d’enfiler les shorts. Pas de réflexion.

Au delà du col l’itinéraire est tout droit sur un plateau faiblement incliné. Partout des vaches et quelques taureaux. Quelques uns d’entre nous ne sont pas du tout rassurés et font de larges détours pour contourner les troupeaux.

Le grand plan incliné devient arête, dominant à droite un grand versant boisé, à gauche une large combe de prairies.

Le relief se précise et nous débouchons sur un petit col entre deux bastions rocheux qui constituent les sommets. Une brève trouée dans les nuages nous permet d’admirer, loin en dessous de nous, les vertes prairie de la vallée de la Jordanne.

Le soleil revenu, du sommet Ouest, une belle combe herbue va nous permettre de descendre sur les ruines de la vacherie d’Ascout qui nous avait servi d’abri, il y a cinq ans en arrière sous la neige.

Avant, il faut encore franchir une double ligne de barbelés, chaque propriétaire établissant la sienne à 50 cm de celle du voisin !

Aujourd’hui, nous n’aurons pas besoin du toit de la ruine pour nous protéger. Nous nous installons pour casser la croute au soleil devenu chaud dans un enclos de pierres qui nous abrite du vent.

Guillaume se plaint d’avoir mal à un genou. La douleur devient de plus en plus preignante dans la descente. Arrivé au col de Lagat, il ne peut presque plus marcher. Nous pressons Dominique de monter avec son duster. Ce dernier renâcle un peu de peur d’abimer sa voiture pourtant 4×4. Finalement, il se décide et Guillaume est évacué.

Mercredi sera la seule journée de grand beau. Du coup je propose Peyre Arse, bien que je l’ai fait le vendredi précédent car que je considère cette rando comme la plus belle du secteur.

Aujourd’hui pas de vent violent, mais un doux soleil.

Nous faisons un détour pour aller voir un petit cirque de cheminées de fées entaillé dans des brèches volcaniques et, déjà nus, tombons sur deux chasseurs. Nous les laissons partir devant, mais bientôt les rejoignons sur le chemin. Une conversation s’engage sur la faune locale sans qu’ils semblent gênés par notre tenue.

La crête finale, rocheuse et étroite effraye une partie du groupe qui préfère couper par une traversée sous le sommet.

Au petit col avant ce dernier, alors que je suis nu, un randonneur textile me hèle pour me montrer des chamois.

Une pause au sommet, puis nous retrouvons les autres dans une petite prairie, bien verte, abritée entre des blocs un peu à l’écart du sentier. Ce sera le lieu de la pause de midi.

Au col de Cabre, sachant que nous bénéficions du dernier jour de beau temps de la semaine, nous décidons de poursuivre jusqu’au Puy Griou par une longue traversée. Nous ne serons que peu à faire l’ascension des rochers terminaux.

Le Puy Griou

Arrivée au sommet du Puy Griou

Puy de Peyre Arse

Retour au col de Cabre et descente sur Lavigerie.

Un peu avant les premières maison, alors que je suis devant avec Dominique, une femme monte vers nous. Nous avons eu le temps de nous rhabiller et engageons la conversation.

Elle a en main une tondeuse et une étrille. Elle va pomponner ses vaches (de magnifiques salers rouges) rien que pour le plaisir, pour qu’elles soient belles !

Jeudi matin, le ciel est bas et la pluie menace. Je propose une petite rando pour aller voir des maars au dessus de Murat. Mais une fois arrivé sur place la pluie s’installe durablement et il faut bien renoncer.

Du coup le gros de la troupe décide de rentrer chez eux dès cet après-midi et nous ne nous retrouvons plus qu’à quatre pour déguster le délicieux aligot que Chantal avait apporté.

Il pleut et vente toute la nuit. Au matin les sommets sont gris de neige fraiche. Je rends les clefs du gîte.

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