Rencontres avec des textiles

Je vous propose de raconter ici quelques rencontres impromptues de naturistes avec des textiles, positives ou négatives.

Allez, je commence par une de nos plus belles …

C’était au printemps dans les montagnes du Verdon. Nous étions un groupe de randonneurs naturistes d’une vingtaine de personnes, hommes et femmes.

Dans une prairie, les premiers du groupe voient arriver un couple de textiles et s’empressent de passer les jupettes.

« Ne vous dérangez pas » dit la femme, « cela ne nous gêne pas. »

Le reste du groupe arrive, tout le monde nu, puisque cela ne dérange pas.

On commence à discuter et expliquer notre bonheur de randonner nus.

Le couple nous demande si ils peuvent se prendre en photo avec nous.

Le groupe est dubitatif. Le couple insiste. Alors quelqu’un lance « OK si vous vous mettez nus vous aussi »

Alors à notre grande surprise la femme tombe ses habits et vient se placer entre nous tandis que son compagnon se recule pour prendre la photo.

« Et monsieur ? » dit le groupe doucement rigolard.

L’homme se déshabille, mais garde son slip, s’avance, puis se sentant ridicule l’abandonne, tends son appareil à un d’entre nous pour faire une nouvelle photo.

On discute encore un moment, puis devons nous séparer car nous prenons des directions différentes.

En s’éloignant, nous les voyons hésiter, puis finalement se rhabiller.

En Bretagne, sur le GR34

Notre groupe (une vingtaine de personnes) parcours le sentier côtier. Pas mal de monde vient en sens inverse. Dans toute la randonnée, l’un d’entre nous à compté 120 personnes croisées ou doublées.

Avec les premières rencontres, on se couvre, puis avec la répétition de moins en moins, jusqu’à ne plus nous rhabiller du tout.

Des sourires amusés, sauf …

Je suis en serre-file. Une femmes seule qui a croisé toute la file sans rien dire, m’interpelle.

« – c’est un pari ? »

« – Non Madame, on est une association de naturiste. »

Sèchement « – Vous voyez je suis aussi naturiste, mais je ne suis pas d’accord, c’est gênant, pas ici ! »

La randonnée finit sur une plage officiellement naturiste.

Voilà que l’organisateur se fait alpaguer par un naturiste sur serviette très agressif.

« – Vous n’avez pas le droit de circuler dans cette tenue sur le sentier côtier ». Notre ami, tente de lui expliquer notre démarche, lui précise que cette randonnée est organisée dans le cadre d’une association affiliée à la FFN, lui tend une plaquette de l’APNEL qu’il refuse de prendre.

Rien à faire.. le quidam nous poursuit de ses véhéments reproches alors que nous nous éloignons (sur la plage naturiste).

Dans les montagnes d’Ariège.

Nous sommes un groupe de de 5 ou 6 randonneurs nus. Nous avons parmi nous une amie textile qui s’est proposée pour passer devant et prévenir les éventuelles rencontres en leur demandant si cela ne les gêne pas.

Nous rattrapons un femme avec une gamine.

Notre amie la prévient et s’entend répondre :

« – Je vais demander à ma nièce si cela ne la dérange pas »

Conciliabule entre elle et la petite fille.

A bonne distance, nous attendons le verdict.

« -pas de problème vous pouvez rester nus »

On se croisera et re-croisera plusieurs fois dans la montée.

Chartreuse. Fin juin ?.

Je suis monté nu et en solitaire à la tombée de la nuit au Grand Som. Les lieux semblent déserts. Les chamois ont repris possession de la prairie sommitale.

A un moment, le sentier se faufile entre des blocs et pile, je me retrouve nez à nez avec un moine chartreux. Nous sommes tout autant surpris l’un que l’autre. Je m’excuse.

« – Non, non, vous n’avez pas à vous excuser, c’est tout naturel. Saint François d’Assise n’allait-il pas nu ? »

Grincheux.  Dans les montagnes de l’Ariège.

Nous somme quatre, dont une femme, et remontons un fond de vallée en tenue de nudité. Alors que nous sortons d’une zone arbustive, surgit, en sens inverse, une troupe de militaires (un bataillon à l’entrainement?).

Nous nous mettons de coté. La chenille passe en petites foulées, certains avec un sourire.

Le dernier, le serre file. S’arrête à notre niveau. C’est un homme de couleur. Il nous engueule.

« -Rhabillez-vous ! C’est scandaleux. Si je vous rencontrais avec ma femme et ma petite fille : qu’est ce je lui dirais !»

Et il repart à grande foulées pour rejoindre le reste de la troupe qui lui a mis une centaine de mètres dans la vue.

Dans les montagnes du Verdon.

Le groupe, une vingtaine de personnes, redescend d’un sommet ; quand on voit arriver une petite fille, seule, qui monte vers nous. En raison de sa petite taille, les genets qui bordent le sentier nous l’ont cachée jusqu’au dernier moment.

Alerte générale. Tout le monde se rhabille. Mais c’est certain la gamine nous a vu nus. Elle passe à coté de nous comme si rien n’était.

Les parents sont quelques cents mètres derrière. Très gênés, nous nous excusons platement.

« Mais non, ça n’a pas d’importance, ça ne risque pas de la choquer, Vous savez on habite en Allemagne, pour nous c’est tout naturel. »

Briançonnais

Nous sommes cinq dont une femme. Nous descendons nus à travers un vaste alpage. A la limite supérieure de la forêt, quelques randonneur, pour une collation, se sont abrités du vent dans une doline (une dépression du terrain). Nous les avons repéré de loin et en approchant, nous avons remis les jupettes.

Quand nous passons à proximité on nous interpelle.

« Pourquoi vous être rhabillés ? N’est-ce pas autorisé ? »

On leur explique que la loi est ambigüe et que de toute façon, autant que possible, on se rhabille par respect pour les personnes que l’on rencontre.

Au sud du Vercors.

Mars, raquettes nus.

Nous arrivons au sommet et voyons un randonneur textile qui vient d’une autre direction. Nous nous rhabillons précipitamment.

Il a une drôle de tenue qui ressemble beaucoup à la notre.

On discute. On dit que l’on est des randonneurs naturistes.

Eh bien lui aussi ! Il s’est rhabillé quand il nous a aperçu !

Septembre . Massif des Ecrins.

Un petit groupe de mes amis,randonneurs naturistes, approche d’un col. Un homme, assis sur un bloc, les observe avec des jumelles.

Quand ils passent le col, l’homme porte un uniforme : un garde du parc. Il se lève ; se tourne vers eux. Il discute, un téléphone à l’oreille. Il va les intercepter ? Non. Il se rassied range son téléphone et reprend ses jumelles.

Mai, Verdon.

Notre groupe (une vingtaine de personnes) randonne nus sur un itinéraire qui borde le lac de Sainte Croix.

Peu avant le retour au village, une jolie crique nous attire pour une ultime baignade. Mais il y a là une dame en bikini avec son chien.

Un “éclaireur“ va lui demander si nous la dérangerions en venant nous baigner nus. Elle répond que non, mais de faire attention, car le naturisme est interdit tout autour du lac. Cinq minutes plus tard, on est presque tous dans l’eau.

La dame nous rejoint pour papoter, pas du tout incommodée par notre absence de tenue, tandis que son chien batifole autour de nous.

Il faut bien repartir ; désormais sur une large piste. Certains continuent nus, d’autres se sont couverts.

C’est à ce moment là que surgit un homme qui nous invective, furieux.

Il nous a vu nous baigner nus. Il invoque l’interdiction municipale, ses enfants et sa femmes restés un peu plus loin au bord de l’eau, menace d’appeler les gendarmes. On essaye de discuter, rien à faire. Il est de plus en plus véhément.

Alors, tous rhabillés en innocents randonneurs, on reprend notre chemin, le laissant s’égosiller.

Dix minute après, on arrive au parking dans le village. Ouf ! pas de voiture bleue.

Dans le Cantal

Nous sommes une dizaine de randonneurs nus et sommes depuis quelques minutes à un sommet dans le brouillard. Deux femmes arrivent, emmitouflées, ciré, écharpes etc….

Notre tenue de peau ne semble guère les incommoder au point de venir nous demander si elles peuvent consulter notre carte..

Photo de Jacques Marie Francillon

Toujours dans le Cantal : rencontre avec deux chasseurs qui nous expliquent leur chasse et la faune locale.

Photo de Jacques Marie Francillon

Alors que je suis nu, un textile vient me monter des chamois.

Défense du droit à la nudité en public.

Suite à une rando organisé par l’ARNB (Association des randonneurs nus de Bretagne) , le 15/07/2019, le maire de la commune où se déroulait la randonue avait porté plainte pour exhibition sexuelle parce que les participants avaient  sans doute été vus nus sans que l’on ne sache vraiment où et par qui .
Lorsque le président de l’asso à été convoqué à la gendarmerie , l’association s’est réunie pour préparer cette audition demandée par le procureur. Verdict quelques jours plus tard , la plainte à été classé sans suite.
C’était leur premier soucis depuis la création de l’asso en août 2010 et 140 rando.
Grand merci à l’APNEL et la FFN pour leur aide rapide. Ça fait vraiment plaisir d’être épaulé lorsque l’on est confronté à ce genre de problème. Voila une belle preuve de l’utilité d’être affilié et licencié à la FFN.

Le communiqué officiel de la Fédération Française de Naturisme :

https://ffn-naturisme.com/wp-content/uploads/2019/11/Article-ARNB-Site-FFN-R%C3%A9seauxSociaux.pdf

Un petit bilan des randonues du groupe du Dauphiné et des Savoies en 2018.

Ce groupe internet rassemble des randonneurs naturistes de la région Rhône-Alpes plus quelques extérieurs (Suisses, Belges, etc…) qui participent principalement aux séjours.

Les sorties sont proposées par des membres sur une liste de diffusion.

Bilan de l’année

38 sorties ont été organisées.

42 personnes différentes y ont participé (sur environ 80 inscrits sur la liste de diffusion).

232 journées . personnes.

Au sommet du Grand roc dans les Bauges.

Trois séjours :

  • Raquettes à neige en Beauchène du 18 au 24 mars, 8 participants

Départ de rando dans le Beauchêne

  • Ariège du 23 au 28 septembre, 9 participants

Ariège

  • Haute Ardèche du 1° au 4 novembre, 4 participants

Massif du Tanargue en Haute Ardèche.

Auquel on peut ajouter la participation de trois d’entre nous à la semaine au Petit Arlane organisée par Jean de Visan et Gilbert de Lyon (du 20 au 26 mai). Ce rassemblement réunissait environ 30 personnes venant de toute la France.

Sur les chemins du bas Verdon.

Nous avons également été trois à participer au rassemblement Vivrenu à la Genèse toujours en mai, et deux à la semaine organisée en juin dans les gorges du Tarn par Chantal de l’Aveyron.

Nu-pied

J’avais déjà expérimenté assez longuement la randonue, nu-pied il y a quelques années en arrière. Un blessure sur une brindille d’épicéa m’avait fait abandonner.

Aujourd’hui, sur un sentier s’y prêtant, j’ai renouvelé l’expérience.

Et est revenue une sensation que j’avais un peu oubliée, celle d’une nudité décuplée par rapport à la progression en chaussures : à la fois une liberté et une fragilité nouvelles.

L’impression d’être vraiment à nu au point de me demander en cas de rencontre, ce que je ferais spontanément en premier : me couvrir le sexe où me rechausser ?

Finalement, qu’est_ce qui choquerait (étonnerait) le plus le quidam croisé ? Ma nudité ou le fait que je puisse aller nu-pied sur un sentier de montagne ?

Arrêtés municipaux et naturisme

L’article 222-32 sur l’exhibition sexuelle qui, d’ailleurs, apparait de plus en plus inadapté à restreindre la pratique de la simple nudité, cache à notre attention une autre pratique pour interdire le naturisme.

Il s’agit des arrêtés municipaux que toute commune peut promulguer, interdisant le naturisme sur une partie ou la totalité de son territoire.

Le motif en est le plus souvent : “d’assurer l’ordre, la sécurité et la tranquillité publique“ ou “le respect des règles élémentaires de pudeur et de bien vivre ensemble“, etc…

Il est peut-être possible de défendre que la pratique du naturisme n’atteint pas à l’ordre et la sécurité et la tranquillité publique et d’obtenir l’annulation ou l’abrogation de l’arrêté pat le Préfet. Mais ce recours doit avoir lieu dans les deux mois qui suivent la promulgation de l’arrêté.

Ensuite, compte tenu de la modicité de l’amende (38€), il faudrait être particulièrement motivé (à moins d’être une association) pour aller contester au Tribunal Administratif.

De plus la publicité des arrêtés communaux est des plus restreinte (affichage municipal ou publication dans un journal à diffusion suffisante) et échappe à la majorité des personnes éventuellement concernées. Ce qui fait que lorsque l’on en découvre l’existence, il est en général trop tard pour contester.

Ainsi, de nombreuses communes (possédant des plages maritimes ou des plans d’eau ou en bordure de lacs ou rivières) ont pris des arrêtés de ce type (souvent à la suite de plaintes ou de pratiques douteuses), restreignant de plus en plus les possibilités de naturisme libre.

Ces arrêtés sont souvent pris pour essayer de s’opposer aux rencontres libertines en pleine nature abusivement confondues avec le naturisme ; sans réelle efficacité car le libertin est le plus souvent habillé et se cache pour ses pratiques, ce qui fait que même l’article 222-32 est difficilement applicable puisque qu’une des conditions est que l’acte soit “imposé à la vue d’autrui“, ce qui n’est pas vraiment le cas s’il a lieu au fond d’un fourré.

Naturistes, n’ayez pas peur…

En dehors des lieux qui leurs sont dédiés, beaucoup de naturistes se cachent : peur de déranger, peur d’altercations avec des “textiles“, peur du gendarme.

Or “s’ils se cachent, c’est qu’ils n’ont pas la conscience tranquille“, ces naturistes trop discrets, empressés de se revêtir ou de disparaître derrières des buissons, ils sont alors assimilés au “peuple des dunes“ ou du “petit bois“.

Amis, si vous pratiquez le naturisme sauvage, ayez le courage de vos convictions. Ne vous cachez pas! Je ne veux pas dire par là qu’il vous faut provoquer les esprits sensibles en allant s’installer nus à coté d’eux sur une plage fréquentée, au bord d’un lac ou sur une plage, aux heures de pointe. Mais si vous êtes les premiers sur place, à une heure de faible fréquentation et hors du passage, pourquoi fuir ou se rhabiller ?

Si votre nudité est perceptible de loin, ceux qui viendront vers vous le feront en connaissance de cause et n’auront alors par de raison de s’offusquer.

En pratiquant en groupe, encore plus si celui-ci comporte des femmes et des enfants, vous ne pourrez être accusés d’exhibition sexuelle.

Si nous nous montrons un peu partout, sur des plages, au bord de rivières ou de lacs, en randonue, tout en restant respectueux et discrets, notre présence sera petit à petit banalisée et acceptée par la majorité des gens.

Accepter gentiment de se revêtir si quelqu’un se dit gêné, mais pas dans la précipitation comme si l’on se sentait en faute.

Et les gendarmes ?

Il faut être soi-même persuadé que la simple nudité n’est pas exhibition sexuelle et ne céder sur ce point en aucun cas (donc refuser de signer un PV parlant d’exhibition sexuelle).

Connaître par cœur l’article 222-32 est indispensable pour pouvoir argumenter.

3 points sont concomitamment nécessaires pour relever de cet article :

  • l’exhibition sexuelle (qui n’est pas simple nudité, exhiber signifie montrer avec ostentation, c’est une action, pas un état).
  • Avoir imposé cette vision a autrui (dons si l’on se rhabille spontanément si quelqu’un s’approche de trop près, il ne peut y avoir imposition)
  • Dans un lieu ouvert au regard du public (si vous êtes masqué par une haie, des rochers, je ne sais quoi, l’article ne peut s’appliquer).

Le délit d’attentat à la pudeur n’existe plus.

Voir le communiqué de la FFN sur la nudité en public. en avoir une copie sur soi peut servir.

A noter également qu’il existe plusieurs associations de randonnée naturiste et que leurs statuts ont été jugés conformes à la loi.

On m’a rapporté que bien souvent les gendarmes ou autres policiers ne se réfèrent pas explicitement à l’article 222-32 (qui relève du pénal), mais imposent une simple amende. Trop content de s’en tirer pour quelques dizaines d’euros, le supposé contrevenant paye et estime s’en sortir à bon compte.

Cette pratique ne peut en réalité s’appliquer que s’il existe un arrêté municipal interdisant la nudité sur le site concerné. Dans le cas contraire, elle est illégale. D’un autre coté l’application d’une telle amende est reconnaître par le représentant de l’autorité qu’il n’y a pas exhibition sexuelle, sinon, ce serait l’ article 222-32 qui s’appliquerait (donc qualification en pénal).

Finalement, le nombre de naturistes “sauvages“ inculpés ces 10 dernières années est très faible et la plupart du temps le Parquet n’a pas poursuivi ou l’affaire s’est conclue par un non-lieu.

En cas de problèmes avec les autorités, on s’en sortira bien mieux si l’on peut présenter une carte de la FF de Naturisme. Adhérer à l’APNEL permet de bénéficier une défense au niveau des arguments voire même juridique. Bien sur, nous ne défendrons jamais un cas de véritable exhibition sexuelle !

En douze années de randonue en montagne et en plaine, seul ou en groupe, à raison d’une cinquantaine de rando par an, je n’ai jamais eu affaire aux gendarmes. J’ai rencontré, surtout au début, quelques grincheux, mais la plupart des personnes croisées étaient peut-être un peu surprises, amusées, mais non agressives.

Petite expérience au bord d’un lac :

Un panneau communal d’information sur la pèche, la baignade, etc… mais pas d’interdiction du naturisme.

Quelques nus se cachent au bord de l’eau entre les arbustes et les roseaux.

Moi, je m’installe bien en vue, loin des textiles pour ne gêner personne. Cela a aussi l’avantage de permettre de voir venir et enfiler un short si nécessaire. Je suis nu, ça se voit. Si ma nudité dérange, personne ne vous oblige à venir me voir de près !

Panique, les gendarmes sont passés ! Oui je les ai vus. Ils ont fait demi-tour sur le parking et ne sont même pas descendus de voiture … S’ils étaient venus vers moi j’aurais eu largement le temps de me couvrir.

Des rumeurs courent, plus ou moins sérieuses : certains auraient eu des amendes. Deux auraient été convoqués à la gendarmerie et auraient écopé d’un rappel à la loi (mais leur comportement aurait été ambigu. Si c’est bien le cas j’applaudis).

Les nus se terrent, n’osent plus enlever le slip de bain, ou carrément ne reviennent plus. Petit à petit, la rumeur et les passages de la police aidant, le lac devient le terrain de jeu des seuls textiles.

Ceux que les gendarmes traquent sont ces personnes douteuses qui viennent draguer ou se rincer l’œil, passant et repassant derrière nous.

Rencontre au sommet sans drame : randonneurs naturistes et textile. (photo J.M. FRANCILLON)

Alors, si nous ne voulons pas perdre les quelques lieux ou nous pouvons être tolérés, soyons respectueux des autres usagers et surtout ne nous cachons pas comme si nous étions coupables.

Quand aux personnages douteux, demandons leur d’aller voir ailleurs en les menaçant de les dénoncer. (pour cela, l’appareil photo est efficace.)

Résistance au froid en randonnée naturiste.

Nous sommes un petit nombre à pratiquer la randonue en conditions hivernales.
Pour qui n’est pas habitué, cela doit apparaître comme de la pure folie.
Or finalement, on s’aperçoit si l’on tente l’expérience que notre corps nu peut s’adapter d’une façon extraordinaire aux températures extrêmes.
Ainsi l’adepte du sauna se prélassera dans un air à 90° et celui de la randonue pourra évoluer par des températures inférieures à 0° dans sa tenue préférée. Il peu d’ailleurs s’agir de la même personne.
Il n’y a là aucun masochisme, que du plaisir.

Sur le glacier Noir (massif des Ecrins)

Je suis le premier étonné de ma possibilité d’ évoluer en randonue par des températures fraîches, voire négatives.
J’ai essayé de m’expliquer cela.
Certes, plus jeune, pratiquant l’alpinisme, le ski de rando et la spéléologie, j’ai vécu des situations de froid, même de très grand froid. Je me suis toujours entraîné à garder les mains nues le plus longtemps possible (on n’escalade pas bien avec de gros gants aux mains).
Mais je suis incapable (j’ai essayé) de rester nu plus de quelques dizaines de minutes dans ma maison avec 18° ; pas plus que je pourrais me mettre nu tout de go au départ d’une balade hivernale en sortant de ma voiture !
Rester nu par des températures proches de 0 dans la montagne nécessite une activité physique intense et un peu de soleil.
Je ne me déshabille qu’une fois atteint ce que j’appelle « le point de sudation » c’est à dire lorsque habillé, et marchant depuis une petit moment je ressent comme une bouffée de chaleur qui m’envahis.
Autre constatation : comme ma femme est farouchement opposée à la nudité en rando, lors de nos balades communes en été, j’ai souvent opté pour ne garder qu’un short, et bien j’ai vite froid ! et pas dans des conditions extrêmes, sinon elle n’aurait pas compris que je me mette torse nu.
J’en conclu que la nudité de l’entre jambe est essentielle dans le processus physiologique qui permet de s’adapter au froid.
J’émets l’hypothèse que pour « Dame Nature », nos organes sexuels sont tout aussi précieux que notre cerveau, puisse qu’ils sont indispensables à la conservation de l’espèce. Je serais bien étonné que cette partie du corps ne possède pas pour leur protection des capteurs thermiques primordiaux. Notre corps régulerait ses échanges thermiques en fonction des données acquise à ce niveau. La protection du sexe (et pas du reste du corps) faussant l’information engendrerait un déséquilibre, d’où une moins bonne adaptation à la situation.
Autre chose, on me dit que je marche vite. Je marche d’autant plus vite que je suis dans une ambiance fraîche. Pour me réchauffer bien sur, mais aussi parce que dans ces conditions la machine musculaire présente son meilleur rendement. Ce phénomène est bien connu des athlètes qui évoluent toujours en tenue légère. Aux jeux Olympiques de la Grèce antique, on courrait nu.

Giboulée de neige.

Certaines conditions climatiques sont indispensables :
Moins l’air contient d’eau (on le dit sec), moins il est conducteur de la chaleur, moins il y a d’échanges thermiques avec la peau. C’est la condition sine-qua non pour résister aux températures extrêmes qu’elles soient positives ou négatives.
Le soleil : la peau nue semble être un extraordinaire capteur solaire, car par -5° et sans vent un simple rayon de soleil suffit à procurer une sensation agréable de chaleur. Le moindre écran (un T shirt par exemple neutralise cet effet).

Ma mère m’a toujours dit « couvres toi, tu vas attraper la crève » . En fait je n’ai jamais attrapé de maladie lors d’exposition au froid en milieu naturel que ce soit en randonue en spéléologie ou en montagne.

Finalement, je voudrais aussi dire que marcher nu par temps froid nécessite probablement des prédispositions et comporte des risques. En plus des gelures possibles aux extrémités (doigts, sexe pour les hommes, seins, etc..), le corps se refroidit en profondeur et si l’on va trop loin le seul fait de se rhabiller ne permet pas toujours de se réchauffer. Un malaise par hypothermie est toujours possible.
Alors ne m’imitez pas sans précautions, n’allez pas trop loin dans vos expériences et prévoyez toujours d’emporter avec vous de quoi vous rhabiller chaudement.

Sur la neige, au soleil, que du plaisir !

Des sensations :
si je me réfère à une sortie que je considère comme un peu extrême :
température : légèrement inférieure à 0.
– ensoleillement discontinu.
temps d’exposition nu : 1 h.
dénivelé parcouru nu : 500 m à la montée, 150 m de descente.
Je n’avais pas très chaud, en pull à l’ombre sur la route, je me suis réchauffé en marchant.
Ce n’est qu’au bout de ¾ d’heure, en attaquant les pentes raides que j’ai ressentit la première bouffée de chaleur. Sans attendre la sudation, je me suis alors déshabillé.
Sensation de fraîcheur immédiate, tout à fait supportable d’autant que j’avais choisi pour cela un endroit ensoleillé ; mais aussi cette extraordinaire (et à chaque fois renouvelée) sensation de libération du corps des vêtements qui l’enserrent.
Un peu de froid, mais sans plus, lorsque je passe à l’ombre des épicéas, petite piqûres excitantes des bribes de neige qui tombent de temps en temps des arbres. Il est vrai que mon sac à dos me protège en partie.
Au début, j’avais l’onglée, mais la marche avec des bâtons sollicite les muscles des bras et rapidement mes mains se réchauffent. Par contre j’ai aussi l’onglée au bout du sexe et je suis obligé de le réchauffer dans ma main tout en marchant (je crains une gelure).
Certaines parties du corps se refroidissent sensiblement, la poitrine, les fesses, je passe ma main dessus est ressent une impression de froid. Cela est certainement du au retrait du sang vers les organes « nobles ». Ce sont aussi des zones qui comportent des graisses jouant le rôle d’isolant.
Je pense que le danger, s’il y en a un, viendrait de là car longtemps après m’être rhabillé ces zones contribuent à refroidir le reste du corps.
Un chute dans la neige provoque une brève sensation de brûlure froide, sans plus, mais à chaque fois l’équilibre thermique se dégrade, à moins de bénéficier ensuite d’une bonne exposition au soleil.
Dans ma descente sur le col, à l’ombre et au vent, j’ai eu vraiment froid : une sorte de contraction de l’ensemble du corps, à nouveau l’onglée, mais pas de frissons.
L’apparition de ces derniers sont pour moi le signe impératif qu’il faut se couvrir.
A l’arrêt pour me rhabiller, des crampes dans les jambes sont apparues. Ensuite, l’onglée à persisté longtemps, ainsi que la sensation de froid sur la poitrine, puis tout a fini par revenir dans l’ordre.

Cascade dans le vallon de Malissard (Chartreuse)

Voici, très vite, ce que l’on m’a appris (stages de montagne) sur le comportement du corps humain exposé au froid.
L’organisme tente d’abord de lutter contre le froid par la constriction des vaisseaux sanguins superficiels (de la peau) et par une activité musculaire superficielle (frissons).
Puis, si l’exposition perdure, la circulation sanguine va abandonner les espaces externes (pieds, mains, etc…) pour se concentrer sur les organes nobles (dont le cerveau). C’est là ou arrive le risque de gel.
D’autre part, il existe une série de symptômes de plus en plus graves qui apparaissent au fur et à mesure que la température centrale diminue, pouvant conduite à l’arrêt cardiaque.

Cette petite description s’applique bien à un individu à l’arrêt (alpiniste au bivouac, blessé, ou coincé dans une crevasse).

Pour un randonneur nu, actif, il me semble que le processus soit un peu différent. Comme il faut assurer l’activité musculaire, le retrait du sang des membres n’a pas lieu. Mais le refroidissement n’est pas non plus homogène. Les parties superficielles se mettent plus ou moins en équilibre avec le milieu extérieur, sans que cela ne gagne les organes internes.
Cela marche un certain temps, et tant que le « thermostat » de l’homme nu n’est pas masqué par des vêtements.
Lorsque je me rhabille, les capteurs thermiques sont d’un coup à l’abri du froid, et le sang périphérique est alors autorisé à rejoindre le sang interne, la température corporelle interne baisse d’un coup et apparaissent les symptômes afférents.
C’est pour cela, qu’il ne faut réchauffer quelqu’un en hypothermie grave que très lentement.

Je ne veux pas dire par là qu’il ne faut pas se rhabiller, mais au contraire qu’il faut anticiper et le faire à temps. Car c’est à ce moment là où apparait le plus grand risque de malaise.

Baignade dans le lac de la Mariande (2604 m, massif des Ecrins)

La révolution naturiste

En 1994 , le législateur, en remplaçant l’ancienne notion “d’attentat à la pudeur“ (article 330 du code pénal) par l’article 222-32 réprimant l’exhibition sexuelle, ouvrait de nouveaux horizons au naturisme. La simple nudité n’étant pas de l’exhibition sexuelle n’était donc plus répréhensible.
Cependant, les mentalités n’étaient pas prêtes à l’accepter que ce soit du simple citoyen, au policier ou au magistrat et on continua à conspuer, poursuivre et souvent condamner celui qui osait se mettre nu en public en dehors des espaces dédiés au naturisme.
Et même si ce dernier se développait largement en France, le fait de rester enfermé dans les limites de “camps“ et de plages réservées contribuait pour la majorité de nos concitoyens à lui donner une réputation quelque peu sulfureuse et libertine.
Il y a environ une quinzaine d’années, quelques uns d’entre nous, ne supportant pas d’être parqués dans des espaces dit “dédiés“ ont commencé, très discrètement, chacun dans son coin, à randonner nus, à se baigner nus, à se faire bronzer nus dans des lieux retirés, très peu fréquentés avec la peur au ventre d’être vus, reconnus, dénoncés. Ce qui d’ailleurs n’était pas sans apporter un certain parfum d’aventure.
Quand, il y a quinze ans de cela, tapant sur internet les mots “randonnée“ et “nu“ j’eus la surprise de découvrir le yahoo-group “randonue“, je me sentis d’un coup soulagé d’un grand poids : je n’étais pas le seul à pratiquer, je n’étais pas un détraqué mental ou sexuel.
A cette époque les échanges portaient souvent sur les moyens d’être le plus discret possible, la rencontre d’un “textile“ étant à éviter absolument.
J’ai été de ceux qui théorisaient les règles d’un excitant jeu de piste dont le seul but était de passer totalement inaperçu.

En 2010 : des itinéraires discrets dans des lieux oubliés.

Alors, quand, pour la première randonue collective que j’ai organisé, c’était en 2006, j’ai vu débarquer  Christian LEGER, nu de sa voiture sur un parking public, j’ai été horrifié. Au cours de la rando, nous avons rencontré quelques personnes que Christian croisait sans se rhabiller, les gratifiant d’un joyeux bonjour. Je me jurais de plus jamais le ré-inviter à une de mes randonues et continuais à jouer à cache-cache.
Notre regretté Christian était alors très en avance par rapport à nos perceptions de l’époque.
Progressivement, grâce à internet, un très petit groupe se constitua dans la région Rhône Alpes et toutes mes randonues ne furent plus forcément solitaires.
A partir de 2013, je participais à des regroupements de randonneurs nus en France, puis en Espagne. Randonner nus en groupe d’une vingtaine de personnes, ou plus, nous donna de l’assurance ; d’autant plus qu’en Espagne, la nudité n’est pas poursuivie.
Ce fut l’occasion de s’apercevoir que les “textiles“ croisés ne sont pas, la plus part du temps, hostiles, mais seulement surpris et amusés.

2014 : Gorges de la Nesque. les groupes de randonneurs naturistes n’hésitent plus à emprunter des itinéraires fréquentés.

Un peu plus tôt s’était fondée l’APNEL (Association pour la Promotion du Naturisme en Liberté).
Ses nombreuses interventions médiatiques nous firent sortir de l’ombre. Et quelque fois, lors de rencontres nous fume gratifiés d’un « Ah oui, j’ai déjà vu cela à la télévision ».
Aujourd’hui, après près de 20 ans de pratique, je ne crains plus les rencontres. Les mentalités ont largement évolué, nous ne sommes pour la plus part des gens que de sympathiques originaux. Bien sur, on rencontre encore de temps en temps des grincheux, mais cela ne va pas plus loin qu’une réflexion désagréable.
La tenue d’un stand naturiste, avec des militants nus de l’APNEL, sous l’égide de la FFN, à la Fête de l’Humanité de 2016, devant quelques centaines de milliers de spectateurs, fut un grand événement médiatique dont les conséquences positives pour le naturisme sont considérables.

2015 : Bretagne, GR34 : 120 personnes croisées dans cette tenue la même journée, la plus part du temps dans la bonne humeur. Sans gendarmes à l’arrivée !

Aujourd’hui, je penses que l’on peut considérer que pour la plus-part des gents, nudité n’égale plus exhibition.

Et puisque la nudité n’est pas exhibition, et par là même ne tombe pas sous le coup de l’article 222-32, elle est légale partout où elle n’est pas expressément interdite.
Bien sur, il nous importe de respecter les convictions des autres, de ne pas nous imposer à ceux que cela gêne. Nous ne serons acceptés qu’à cette condition.

Ce renversement de perspective risque de considérablement impacter le milieu naturiste français.
Une des conséquences en sera le développement d’un naturisme spontané, hors club et hors structures, comme il en est d’autres activités : randonnée, alpinisme, ski, natation, vélo, etc…
Ce naturisme  sera également mixte au sens où pourront se côtoyer sur le même site ou la même activité “textiles“ et naturistes. Les randonnées mixtes OVS organisées par nos amis de l’APNEL de la région parisienne montrent que le concept est bien accepté.
Les grands centres “ghettos“ perdront peut-être une part de leur attractivité, puisque qu’ils ne seront plus incontournables, mais ils ont l’avantage d’assurer une sécurité et une certaine convivialité. Il seront concurrencés par de plus petites et plus nombreuses structures “naturist friendly“ pouvant être selon la demande naturistes ou textile ou les deux en même temps (campings, gîtes, etc..). Ce qui leur assurera une plus grande stabilité économique. C’est déjà le fonctionnement esquissé lors d’organisation de semaines de randonue.
Du coup, la mentalité des naturistes devra évoluer et accepter la cohabitation avec des textiles et ne plus se sentir gêné par leur regard.
Alors que les clubs attachés  leur terrain péricliteront avec une population vieillissante, de nouvelles associations se développent déjà, sans la charge de la gestion d’un terrain, et proposant un panel d’activités naturistes varié, utilisant notamment les structures existantes, pas forcément dédiées au naturisme.
Pour autant les combats militants ne seront pas terminés. Nos opposants ne pouvant pas s’appuyer sur l’article 222-32 multiplieront au nom de l’ordre public les arrêtés communaux d’interdiction du naturisme que nous devrons combattre un à un, ce qui demandera une vigilance de tous les instants car le délai de contestation est limité à 2 mois.
Ce bouleversement va induire de sérieux débats au cœur de notre fédération pour des raisons idéologiques et économiques. Il faudra persuader, convaincre. Il y aura des hauts et des bas, des retour en arrière. L’APNEL et les  associations progressistes auront encore “du pain sur la planche“.

Bruno (de Chartreuse)