Le Gros Peyron d’Etache

Haute Maurienne, vallon d’Ambin.

Personne d’intéressé par ma proposition de randonue…
Donc, je suis seul ce mardi matin au terminus de la petite route qui remonte le vallon d’Etache.

Le soleil n’est pas encore arrivé en fond de vallée et un petit vent frais dévale de la montagne.
Seul randonneur aussi, car le parking est vide.

Le sentier contourne la ferme, puis suit le vallon par son fond. Une petite descente pour traverser le torrent sur un pont de bois et le sentier remonte de plus en plus raide sur le versant opposé.

Le soleil me rattrape et me voilà nu. J’ai parcouru à peu près les deux tiers quand un groupe apparaît tout en bas dans les premiers lacets. Sa progression est impressionnante. Les jambes s’activent en cadence comme les bielles d’une machine à vapeur. A ce rythme, ils ne vont pas tarder à me rattraper ! Alors qu’ils se rapprochent, je perçois un ricanement et une réflexion sur le “cul-nu“. Quand la distance entre nous se réduit à moins de 100 m, je renfile mon short au détour d’un lacet. Bientôt la machine me double (plutôt, me pousse pour passer), puissante, coordonnée, à grande enjambées, tirant sur les bâtons, sans un mot.

Les six traileurs s’accordent une courte pose au plateau du “Piquet à neige“ où je les rejoins. Un bref bonjour et les voilà repartis, avalant la montagne.

Je profite d’un petit en-cas et de quelques photos pour que s’établisse entre nous un espace suffisant pour que je puisse me remettre nu.



Nouveau raidillon pour rejoindre le plateau supérieur qui s’élève tout doucement à travers des prairies et un lapiaz de cargneules orangées jusqu’au col d’Etache.

Les nuages venant d’Italie, se déversent par dessus le col, poussée par un fort vent de sud, puis se dissolvent miraculeusement. Par moment, une bourrasque m’apporte un peu de pluie, alors que le ciel au dessus de ma tête est bleu. Bien que puissant, le vent est doux et sa caresse sur la peau nue est un délice.


Au col désert, je fais une petite pose casse-croute et hésite à gagner le sommet du Gros Peyron sur lequel les nuages se déchirent.





Finalement, je me décide et entreprend la montée facile dans un dédale de dalles et éboulis de quartzites. Un sentier, même, se dessine par intervalles. Une antécîme de dolomie rousse m’envoie sur le versant italien et je viens buter sur une petite barre rocheuse, juste sous le sommet. Un bref couloir nécessitant l’usage des mains me conduit au cairn sommital.



Malheureusement, les nuages occupent tout l’autre versant et je ne puis apercevoir que très brièvement quelques roches élancés au travers des nuées qui défilent à grande vitesse.

Versant Nord, la vue porte sur la Vanoise, où les grands sommets sont cependant encapuchonnés.

En dessous de moi, un petit lac vert aux contours compliqués égaye les lapiaz blanc-pâles de quartzite.

Du sommet, le chemin de descente que j’avais perdu à la fin de la montée est bien évident, tracé et cairné. Dans ma descente, je rencontrerais successivement deux couples que je contournerais sans avoir à me rhabiller.

Encore une petite pause au “Piquet à neige“, puis le raidillon qui tire sur les cuisses et endolori les genoux. Sur la passerelle, un couple prend le frais. Il faut bien que je finisse par me vêtir du minimum.




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