Les lacs de Pétarel

Alpes : massif des Ecrins.

28 août 2014.

Seul.

Cela faisait un moment que je pensais à cette rando dans la vallée du Valgaudemar. Mais c’était une classique très fréquentée en saison touristique et un peu loin de chez moi (2h1/2 de route).
Hier, je me suis décidé.
J’ai fait toute la route, nu dans ma voiture, et à 7 h du matin j’étais au au parking de Fouronnière ou se trouvaient une seule automobile « de touristes » et des alpagistes qui préparaient la descente des moutons.

La vallée de la Navette à l’arrivée du soleil.

Le fond de la vallée est encore profondément à l’ombre alors que les sommets commencent à se dorer de soleil.
Compte-tenu de la présence des indigènes et surtout d’un petit vent frisquet, il me faut me résigner à m’habiller !

Après quelques centaines de mètres de sub-horizontalité à suivre le torrent, le sentier rentre dans le vif du sujet. Il y a 1200 m de dénivelé à avaler en peu de kilomètres jusqu’au col de Béranne.
Zig-zag après zig-zag, je m’approche du soleil qui me nargue quelques centaines de mètre plus haut.
Au rythme auquel je monte, je suis vite chaud et n’attend pas la divine caresse pour me déshabiller.
Finalement, le soleil qui progresse vers le bas de la pente et moi qui monte le plus vite possible finissons par nous rencontrer au niveau d’un petit replat.

Les ressauts se succèdent et quand je me retourne pour apprécier le vide qui se creuse derrière moi j’aperçois une doudoune orange qui pointe dans un lacet.
Je ne suis pas seul ! Même qu’ils sont deux et marchent vite. S’ils me rattrapent, je devrais me rhabiller et je suis si bien en cette tenue, que la seule solution acceptable est de forcer un peu plus l’allure et de creuser l’écart, d’autant plus que je m’arrête de temps en temps pour des photos et même des vidéos.

Le sentier surmonte encore quelques moraines, puis la pente s’adoucis dans un petit cirque sous le col.

Col de la Béranne.

Mais à ma surprise, la trace s’élance à nouveau dans des pentes sous le pic de Pétarel pour atteindre une brèche nettement plus élevée que le col.
Dans la dernière pente, je commence à souffler et le couple se rapproche de plus en plus. A cette distance, ils doivent percevoir ma tenue inhabituelle.

Les deux se rapprochent.

Je franchis la brèche et immédiatement, caché par l’éperon, j’enfile mon short et attend tranquillement mon poursuivant qui ne tarde pas à pointer son nez.
« Ce n’était pas la peine de vous rhabiller me dit-il, cela ne me gène pas.. » et de saluer mon anticonformisme qu’il apprécie. J’en profite pour lui remettre une de mes plaquettes sur la randonue, mais il se méprend sur mes intentions (information et non racollage) et me la rend sans vouloir la lire.
On discute un moment (avec lui et sa femme) le temps de casser une petite croute ; puis, je les laisse passer devant en direction du col de Pétarel et retrouve la nudité.

Du col de la Béranne, la vue porte jusqu’au Dévoluy et au Vercors.
Au col de Pétarel

Comme ils se sont arrêtés au col pour jouir de l’extraordinaire paysage, je les rejoins tout en restant à distance.

Lacs supérieurs de Pétarel.

Je fais quelques photos, puis, quand ils commencent la descente sur les lacs une vidéo.
Le vallon de Pétarel que l’on aborde ainsi par le haut comporte 4 lacs principaux. Du col on ne voit que les deux premiers, limpides et bleus, dominés à droite par les a-pics du Pic de Pétarel ; en face, l’Olan, grand sommet portant glaciers.

Brèche de la Romane.

Nous descendons assez raidement au niveau des lacs et mes deux prédécesseurs divergent vers une verte prairie où ils comptent apparemment passer un certain temps.
Je continue ma descente et en dessous du verrou rocheux apparaissent rapidement les deux autres lacs. Le berceau qui les abrite est bordé à gauche par d’élégantes aiguilles de granite et s’ouvre sur la chaine de sommets qui va du Pic des Souffles à la cime du Vallon.

Lacs inférieurs de Pétarel et le Pic d’Olan.

Deux personnes, des femmes, montent depuis la vallée et viennent s’installer sur un éperon qui domine le plus grand lac.
Sans me rhabiller, je les contourne à bonne distance et viens poser mon sac sur la rive en face. Je tombe également les chaussures et entièrement nu cherche un fond sableux ou une dalle en pente douce pour me baigner. L’eau est bien fraiche à mon goût. Je finis quand même par m’immerger brièvement , mais une crampe sévère me fait sortit de l’eau précipitamment.

Je passe encore un bon moment à me sécher au soleil en grignotant mes provisions, puis me remet en route vers la vallée.
En dessous du verrou qui soutient les lacs, la pente plonge très fortement et le sentier s’enfonce dans des vernes limitant la visibilité. A chaque virage je risque de tomber sur des randonneurs montant. Par chance j’ai pu à chaque fois, parce que j’avais entendu des voix, ou perçu une tache de couleur, me rhabiller à temps.

Vallée du Valgaudemar.

Le fond de la vallée est bien lointain et la descente commence à m’apparaitre interminable.

Montagne des Bans

Cependant tout à une fin et je finis par rejoindre le sentier balcon qui me ramène en traversé à peu près horizontale à travers la forêt, puis des prairies, au hameau des Portes. Là, je suis bien contraint d’adopter une tenue plus acceptable.

La chapelle en Valgaudemar.

Suit une longue marche sur une piste poussiéreuse où je croise un immense troupeau de moutons qui démontagne. Retour à la voiture. Mais je vais vite déchanter, car le troupeau descend lui aussi par la route et je ne pourrais le doubler que bien en aval du village de la Chapelle.

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