Le Grand Colon

Mai 2010.

Seul.

Alpes, massif de Belledonne.

Pour ce dimanche, la météo était mitigée. Si elle prévoyait une matinée avec de belles éclaircies, l’après midi devait être très orageux.
Il fallait donc choisir un sommet qui n’engage pas trop le randonneur avec un retour rapide si nécessaire.
Le Grand Colon, dans le massif de Belledonne répondait bien à ces critères. Par contre, pour la discrétion, c’était un peu difficile, car cette randonnée moyenne (900 m de dénivelé) se situe à une demi-heure de route de Grenoble, et est en conséquence une des plus fréquentées du massif.
A 8 h1/2, je remonte en voiture la piste de la baraque des carriers, doublant un randonneur habillé de bleu et deux trailers. Quand j’arrive au parking, ou je suis le premier à poser une voiture, j’aperçois 5 randonneurs qui attaquent la montée, m’indiquant ainsi le départ. Le temps de mettre mes chaussures, le randonneur en bleu me dépasse et continue la piste vers le sud. Le versant est encore à l’ombre et il fait un peu frais pour se déshabiller complètement. La piste emprunté par mes prédécesseurs monte d’abord très raide dans la forêt, puis la pente se radoucis. Au moment où échauffé par l’effort, je me dis que je pourrais bien me mettre nu, l’homme en bleu débouche juste devant moi d’un sentier. Puis les deux trailers me doublent en trottinant. La piste cède la place à un sentier qui s’élève en zig-zags jusqu’à sortir de la forêt un peu en dessous de la cabane du Colon.

Grenoble, au carrefour des vallées.

Les collines de Belledonne, la vallée du Grésivaudan et la Chartreuse en arrière plan.

Vers la cabane du Colon.

Le soleil passe enfin au dessus de la crête et l’ambiance devient d’un coup plus favorable à la nudité, d’autant plus que je puis désormais localiser mes prédécesseurs. Les trailers ont disparu loin devant, l’homme en bleu est en tête et le groupe des 5 est arrêté au chalet. Comme tout le monde va dans le même sens, il est peu probable que je fasse des rencontres imprévisibles. Je marque une pose le temps que le groupe s’ébranle à nouveau, puis les suit à bonne distance. Un peu plus loin, le sentier d’élève en raides lacets, ce qui amène mes prédécesseurs à passer au dessus de moi. Ma tenue les intrigue t-elle ? En tout cas c’est l’occasion d’une nouvelle pose pour m’observer (je suis à peut-être 200 m d’eux). Je pose le sac, m’assied en leur tournant le dos et grignote un biscuit. Il finissent par repartir.

Pause.

La chose devient pénible car ils s’arrêtent très souvent et alors je les rattrape. A l’arrivée dans un petit cirque herbeux, voilà les deux trailers qui redescendent toujours en courant. L’espace étant large et découvert je les ai vu à temps et me contente de sortir du chemin. Ils passent à 100 m de moi sans un regard, absorbés par leur gymnastique.
Les 5 remontent maintenant une croupe herbue, et s’arrêtent encore, visiblement pour m’observer, discutant et me montrant de la main.

Sommet Sud (2394). Les hauts sommets sont encore bien enneigés.

Grand Pic de Belledonne.

Les lacs.

Seul, au sommet Nord.

Quand ils se décident à repartir, je reprend ma marche. Le sentier escalade un ressaut de l’arête par quelques lacets, puis débouche dans un vaste plateau caillouteux incliné évoquant un fjell norvégien. Le groupe y zig-zag devant moi et je garde mes distances. Le sommet est constitué de deux pointes. Comme ils se dirigent vers celle du sud, je prend la direction de celle du Nord inoccupée et puis ainsi casser la croute sans avoir à me rhabiller.

L’abrupt de Belledonne en direction du Nord.

Extrait de carte IGN