Les lacs de Montartier

Alpes, chaîne de la Lauzière.

28 octobre 2007

Seul.

Vraiment, j’ai fait un mauvais choix, comment n’ai-je pas vu sur la carte que cette arête allait me cacher le soleil d’automne pendant la plus grande partie de la balade. Le sol est gelé et la température franchement négative. Le versant en face resplendit de soleil avec feuillages ocres parsemés des flammes dorées des érables.
Plus bas sur la piste, à un carrefour 3 ou 4 voitures étaient garées, j’ai pensé qu’il s’agissait de chasseurs.
A la cabane de la “place du Dîner“, terminus carrossable, encore une voiture ; de toute évidence, je ne suis pas seul dans la montagne. De plus des traces nombreuses piétinent le givre du sentier.
Dans ces condition je préfère attendre de sortir de la forêt et d’être au soleil pour me dévêtir.
Après 500 m de dénivelé, une variante au sentier principal s’en va fleurter avec le versant opposé. C’est une aubaine de quitter le monde glacé et sombre des “arcosses“ pour la lumière. Au premier rayon de soleil, je suis “à poil“ avec d’autant moins de retenue que depuis quelques temps je n’observe plus de traces devant moi. Mes prédécesseurs ont suivi le sentier principal.
Au détour du sentier, sur une croupe, la vue plonge sur la vallée de la Maurienne, avec les crêtes des Bauges et de la Chartreuse en horizon.

Les Bauges et la Chartreuse.

Le soleil rasant illumine à contre-jour la chevelure grise du roi des Aulnes.

La forêt d’Aulnes.

A un chalet en ruine, je fais une pose pour manger un peu et me désaltérer. C’est alors que j’aperçois le groupe qui me précède (une douzaine de personnes) qui sort de la forêt un peu en dessous des lacs.

Pause.

Il semble qu’il m’aient également vu, car il s’arrêtent et se tournent dans ma direction. De loin, mon aspect à du leur sembler inhabituel. Un éclat de lumière trahis des jumelles qui sortent du sac.
Le groupe discute, puis au bout de quelques minutes repart. J’attend qu’il ait disparu de ma vue derrière l’épaulement d’une moraine pour reprendre ma route toujours nu.
Juste avant de franchir la moraine, je me rhabille. J’ai bien fait car un couple surgit au détour d’un bloc.
Je continue habillé jusqu’au premier lac. Le groupe volubile et coloré est installé sur une position dominante. Pour ma part, je me pose au bord du lac gelé entre quelques blocs. j’aimerais bien qu’ils s’en aillent pour faire quelques photos de nu. Mais là-haut rien ne bouge.
C’est alors qu’au bord du lac, entre deux blocs surgit une hermine. Elle se lance dans une course rapide qui se termine par une longue glissade sur la glace. Le jeux semble l’amuser prodigieusement et elle parcourt ainsi le lac dans tous les sens jusqu’à ce qu’elle s’aperçoive de ma présence et disparaisse tout aussi soudainement.
De guerre lasse, je contourne une bosse et découvre un second lac tout aussi gelé et en partie hors de leur regard.
Je me met à nu et fait quelques photos avec et sans personnage.

Un coup d’oeil par dessus la bosse, le groupe est toujours là et n’a pas l’air de vouloir déménager. Le fond de l’air est frais et il faut que je bouge si je ne veux pas prendre froid. J’entreprend donc de redescendre doucement derrière une proéminence de blocs. Une nouvelle pause en plein soleil adossé à un gros cailloux bien chaud ; il me suffit de tendre le cou pour surveiller les autres sans être vu, d’autant mieux que je suis à contre-jour.
Des pierres roulent quelque part sous la crête sommitale et attirent mon regard sur un groupe de chamois, petites taches noires mobiles dans la grisaille d’un éboulis plongé dans l’ombre glaciale.
Enfin, les bavards se lèvent, palabrent encore de longues minutes, puis entament la descente. Un long arrêt à la croisée des chemins, puis tout le monde s’ébranle doucement vers le bas. Une dernière croupe contournée les met hors de ma vue, et j’entame moi aussi la descente.
Au croisement, je prend la direction opposée, comme cela pas de risque de les rattraper.

A la croisée des chemins.

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