Beauchêne 2016

Du 19 au 27 mars 2016

Avec Emanuele et Michel, Bruno, Philippe, Dominique, Guy, Francis , Jacques-Marie , Jac et Pierre + Franck le dimanche.

Alpes, Provence, Vercors et Dévoluy.

Le Gîte des Etroits est implanté dans une prairie au bout d’une petite route forestière. Tout autour s’étend la forêt de Durbon, ancien domaine des Chartreux.
Pierre est arrivé la veille et a mis le chauffage. Lorsque je pousse la porte, il revient juste d’une petite rando aux “deux cols“.
Dans l’après-midi les autres participants arrivent. Je fais la connaissance du couple Michel et Emanuele qui sont nouveaux pour moi.
Puis surprise, c’est Dominique qui débarque. Je ne l’attendais pas car il n’avait pas confirmé sa venue. Heureusement pour lui, il ne sera pas condamné à coucher sur le canapé, car il reste une place. Quant-à la nourriture, quand il il en a pour 9, il y en aura pour 10.

La maison forestière des Etroits.

Après un apéritif, le repas du soir est un peu la fête des retrouvailles. Sous la direction d’Emanuele, les “cuistots“ se sont surpassés.

Dimanche 20 mars
Le rocher d’Aurian (1675 m, dénivelé 555 m).

Comme d’habitude, à 6 h Philippe bricole dans la cuisine. Pourtant le départ n’est prévu qu’à 9 h !
Un peu avant 9 h arrive Franck, venu pour la journée.
Quelques hésitations pour trouver l’embranchement à Montbrand qui conduit au hameau du Courtil, puis problème : pas de parking entre les quelques maisons. Nous sommes obligés de continuer sur un chemin de terre. Au bout d’un kilomètre ou deux, celui-ci engage une descente raide et boueuse. Difficile d’aller plus loin. Heureusement un champ nous tend les bras. La neige semble lointaine et rare et tandis que certains se déshabillent la discussion porte sur l’utilité ou non de se charger des raquettes. Certains les prendrons et d’autres les laisseront dans les voitures.
C’est alors que nous partons que surgit un 4×4. Le conducteur stoppe à notre hauteur. Sans relever la nudité de certains, il engage la conversation et nous dit que nous avons choisi une bien belle balade. Puis repart vers un cabanon un peu plus haut.

La piste monte au fond d’un vallon boisé. Quelques passages de ruisseau épiques sont l’occasion de nombreuses photos. La neige commence à apparaître d’abord par plaques puis en continu alors que le chemin se transforme en sentier.

Au col du Tat, plus de sentier visible. Il ne reste plus qu’à monter droit dans la forêt pour rejoindre la crête. La neige y est profonde, la pente raide et les moins entrainés soufflent. A quelques dizaines de mètres sous la crête la forêt cesse brusquement ; les arbres tordus et refoulés par le vent. Et effectivement nous y subissons les assauts du vent du sud. Une marche rapide permet de continuer sans trop se rhabiller. Le rocher des Seilles semble pouvoir nous prodiguer un abri pour le casse-croute, mais son versant nord est bien trop enneigé. Nous continuons donc vers le sud jusqu’au rocher d’Aurian (1675 m). Des terrasses peu confortables dans le versant Ouest feront l’affaire, mais peu à peu tout le monde grelotte et se rhabille.

Montagne du Jigouret.

Le retour fut très habillé jusqu’au col du Tat. Ensuite, à l’abri relatif du vent, les participants s’éffeuilleront jusqu’au retour aux voitures.
Revenu jusqu’au gîte, Franck nous quitte à regrets.

Extrait de carte IGN.

Lundi 21 mars : Le col de Plate Contier (1905 m, dénivelé 673 m).

Les sommets du Nord sont dans les nuages. Il faut donc aller au Sud. Pierre qui connait le Dévoluy nous conseille le col de Plate Contier et la Tête des Ormans.
A “La Cluse“, le brouillard et le Mistral dégeulent par le col du Festre, mais les sommets qui nous intéressent sont épargnés.

Montagne d’Aurouze (Dévoluy)

Abrités du vent dans un fond de vallée Est-Ouest, nous sommes rapidement nus. Au bout d’un ou deux Km sur un sentier étroit et en balcon, nous débouchons dans une large vallée.

Pierre, dont les souvenirs sont incertains, nous fait faire un détour en rive droite par des prairies où nous chaussons les raquettes. C’est là que trainant un peu en arrière, je croiserais la trace d’un loup reconnaissable à ses crottes contenant des poils.

Le vallon tourne à droite et la pente s’accentue. Un nuage tourbillonnant de chocards vient un moment nous tenir compagnie. Un petit bosquet de pins à crochets apporte une ombre bienvenue, car au soleil la réverbération sur la neige est intense. Guy décide de rester là et de nous attendre. Mais voilà que quelques nuages voilent le soleil et la sensation de froid revient vite.

Col du Lauteret.

Nous repartons dans une combe qui débouche au col sous une belle paroi de calcaire beige. Les premiers arrivés observeront quelques chamois qui s’enfuient dans les barres enneigées.

Le col sera le terminus de la plupart d’entre nous, mais après la pose casse-croute, trois intrépides décideront de monter jusqu’à la Tête des Ormans (2103 m).

Au col de Plate Contier. Au nord le mauvais temps.

Quand nous entamons la descente, nous voyons arriver Guy qui finalement s’est décidé à monter jusqu’au col.
La descente se fait principalement nus. La neige a bien fondu depuis ce matin et nous devons cheminer de plaque en plaque pour ne pas abîmer les raquettes.
Tout à la fin de la descente, une femme qui promène son chien sur le parking sera prétexte à se rhabiller définitivement.

Extrait de carte IGN

Mardi 22 mars : La Toussière (1916 m, dénivelé 919 m).

Quelques kilometres de voiture depuis le gîte et nous voilà au hameau de La Caire sur la commune de Lus La Croix haute.
La Toussière est une vielle connaissance dont j’ai déjà fait l’ascension deux fois au printemps.
Avec la neige, l’aventure semble plus sérieuse, mais en fin de compte les pentes du versant Est impressionnantes vues de face sont bien moins raides qu’il ne semble.
Nous remontons la gorge avec ses cascades, puis le joli vallon de Bernon. Une cabane à moitié ruinée en bordure d’une prairie est l’occasion d’un joyeux délire animé par Philippe.

Puis nous attaquons, raquettes au pieds, la raide montée en forêt au col de Bernon. La haut, le mistral rageur nous rattrape et il est difficile de ne pas se rhabiller, d’autant plus que nous progressons pour quelques temps sur une crête. L’abri de la cabane pastorale est bienvenu pour une première halte casse-croute. Dominique et Guy décident d’en rester là.
Le reste du groupe reprend l’ascension dans une large combe enneigée.

Sommet de la Toussière.

Curieusement, au fur et à mesure que nous nous élevons, le vent se calme et la nudité redevient de règle. En dessous de nous les bancs de brume venus du nord s’effilochent, dispersés par un furieux mistral. On dirait, vu du dessus, qu’un lac d’air froid et brumeux situé au Nord se vide par dessus les cols, alors que les sommets en émergent dans un ciel calme et ensoleillé.

Une longue traversée ascendante conduit à la crête sommitale. Alors que le versant Sud est parsemé de bandes d’herbes, que les crocus font leur apparition, le versant nord raide et austère et fortement enneigé prend des allure de haute montagne avec des couloirs vertigineux et des arrêtes effilées.

Face Nord de la Toussière.

Quelques pas d’escalade facile conduisent au sommet.

Panorama sur le Dévoluy.

Nous redescendons de quelques dizaines de mètres pour nous établir au soleil sous une petite barre rocheuse. Presque une heure à grignoter, se faire bronzer et papoter. Mais il faut se résoudre au retour. Alors que les premiers se lèvent, quelqu’un remonte nos traces. Un textile ? Non, il s’agit de Dominique qui parti sans raquettes s’enfonce de plus en plus dans la neige et fini par faire demi-tour.

De la cabane pastorale au col, nous retrouvons le mistral, encore plus turbulent que ce matin. Certains résistent héroïquement à la tentation de se revêtir. Mais l’attente des retardataires en plein vent, viendra à bout de leur détermination.
Nous plongeons avec soulagement dans le vallon où le vent se calme. Nouveau déshabillage à la fin de la neige. Puis la descente se poursuit avec quelques glissades et atterrissages sur les fesses dans la boue.
La nudité prend fin, à regrets, à quelques dizaines de mètres des maisons du hameau.

Extrait de carte IGN.

Mercredi 23 mars : Les gorges de la Méouge (dénivelé cumulé : env. 500 m).

La météo annonce un fort mistral et effectivement, vu du gîte, les nuages défilent sur les crêtes et se dissolvent rapidement vers le sud.
Du coup, nous abandonnons les raquettes pour le Sud et l’abri relatif, des gorges de la Méouge.
Une heure de route nous conduit au charmant village d’Antonaves d’où un chemin, puis un sentier descendant entrent dans les gorges.

Le début, majoritairement à l’ombre est un peu frisquet, puis l’orientation du versant change et nous retrouvons le soleil au curieux pont médieval à trois arches. Le tablier de ce dernier n’est pas horizontal mais incliné, la rive gauche étant beaucoup plus haute que la rive droite.

En amont du pont, le lit du torrent est tourmenté avec une petite cascade et un défilé entre de gros blocs.

Puis nous parcourons de grands méandres. Le sentier monte et descend dans le versant au grès des barres rocheuses. Nous arrivons à une place de pique-nique au bord de la rivière quand de grands cris me font me retourner. Arrêté sur la vire étroite, Guy fait des gestes désespérés. Une sueur froide me traverse, quelqu’un est-il tombé dans le vide ? Pourtant, devant moi le compte semble bon.
Je me précipite à sa rencontre. Ouf, ce n’est que son appareil photo qui a glissé dans la pente et s’est arrêté dans un petit buis, juste au sommet d’une barre rocheuse, à quelques mètres sous le sentier. Jacques Marie descend le récupérer en s’accrochant aux arbustes.

Quelques méandres plus loin, le sentier rejoint la rivière. C’est l’endroit idéal pour casser la croute. Nous sommes à quelques dizaines de mètres de la route en rive gauche, où nous voyons passer les toits des voitures, mais il est fort probable que les automobilistes ne puissent nous voir.
Un peu plus loin, alors que notre groupe de nudiens s’échelonne sur le sentier, un automobiliste sur la rive opposée a du nous repérer et klaxonne répététivement. Le sentier remonte à nouveau pour franchir le défilé de la roche coupée puis traverse un couloir de pierrailles, contourne le rocher du château et fini par remonter définitivement sur le plateau.

Rocher du Château.

Un raccourcis nous évite d’aller jusqu’au village de Pierre-Avez, et donc de nous rhabiller. Des pistes dans la garrigue reviennent directement sur Antonaves. La végétation serrée nous protège efficacement du vent jusqu’à ce que nous débouchions dans une vaste prairie où le Mistral se déchaîne. Nous mettons un point d’honneur à la traverser en tenue de peau, pour aller nous réfugier derrière un buisson en attendant les derniers.
La descente sur le village est à l’abri et nous pouvons poursuivre en toute quiétude en admirant le panorama sur la large vallée où le Buech tresse son cours, dominée en face par l’impressionnante forteresse médiévale de Mison.

Château féodal de Mison.

Extrait de carte IGN

Jeudi 24 mars : La montagne de Durbonas (2086 m : dénivelé 1086 m).

La montagne de Durbonas, grand sommet très boisé, juste en face du gîte, n’est pas à priori d’un attrait exceptionnel. D’autant plus que l’itinéraire de montée est en versant nord, donc à priori à l’ombre.
Cependant, elle manque à notre “tableau de chasse“, et comme le départ se fait à pied depuis le gîte…
De la maison forestière, une mauvaise piste descend dans le fond du vallon, traverse le torrent sur un pont provisoire de branchage et remonte en face jusqu’à la route goudronnée qui mène à la chartreuse de Durbon.

Croix des Chartreux.

Après avoir jeté un coup d’œil aux ruines de cette dernière, nous suivons une piste forestière, puis l’abandonnons pour des chemins de tirage. Les plus réchauffés se déshabillent d’autant plus qu’ayant perdu le chemin sous la neige, nous suons sérieusement, montant droit dans des pentes fortes.
Encore un effort, et nous rejoignons une piste forestière juste pour la traverser, le sentier est en face.

Sans nouvelles difficultés, nous arrivons dans une large combe déboisée : les prairies de Plate Bansi. Sortir de la forêt et retrouver un franc soleil est bienvenu. A partir d’ici, la couche de neige est importante et il n’est pas facile de retrouver le sentier sur l’autre versant. Nous rentrons à nouveau dans la forêt qui couvre un versant très raide. Le sentier, en traversée, est parcimonieusement balisé de points de peinture orange. La neige est épaisse, poudreuse et foireuse. Le plus souvent, la plateforme du chemin a complètement disparu. Des branches basses couchées par la neige cachent la suite. Les plus vaillants font la trace, se perdent, montent trop haut. Le groupe se disperse. Pour ma part, je suis le GPS, toujours en traversée. Philippe et Jacques Marie tentent au prix d’efforts considérables dans la neige à billes de rejoindre directement la crête. Ce sera en progressant accrochés aux arbres pour franchir de petites barres rocheuses. Pour ma part, avec le reste du groupe, je continue à me fier au GPS et finit par rejoindre les prairies de la crête sommitale parsemées de pins à crochets. On tourne à 180° et l’on revient vers l’Ouest en direction du sommet. A notre droite la face sud, extrêmement raide, entrecoupée de falaises, plonge directement sur la vallée du Buech.

Bachat.

Une antécîme nous sépare du sommet. Une petite barre et un bois de pins nous protégent du vent. Après les efforts intenses dans la neige profonde, le groupe rechigne à aller jusqu’au sommet et préfère s’accorder une longue pause au soleil.
Mais le vrai sommet me nargue et je me décide à aller y faire un tour. Les autres somnolent et peaufinent leur bronzage.

La suite est une pente très douce, entre les les pins encore givrés du matin qui débouche d’un coup au sommet d’une falaise.

De là, le panorama est extraordinaire et justifie à lui tout seul les efforts de la montée.
En effet, le Durbonas est excentré par rapport aux autres montagnes et le tour d’horizon va du mont Pelvoux au Mercantour, aux Ecrins, au parois Ouest du Dévoluy, à la Mathésine et au Vercors.
On reconnaît entre autres, le Ventoux avec son couloir nord, le pic pointu du Mont Viso, La montagne d’Aurouse et par derrière le col du Noyer, l’Olan, La barre des Ecrins, la Meige, etc..
Viennent ensuite les grands sommet du Dévoluy avec le Grand Ferrand; puis nos randos de l’année précedente : la Pointe de Feuillette, le Rognon, le Jocou. Encore plus à l’Ouest la Toussière et le Jigouret.
Je redescend au “bivouac“ et motive le groupe pour aller au sommet. Ils ne le regretteront pas.

A l’horizon, les sommets du Mercantour.

Montagne d’Aurouze (Dévoluy).

Le massif des Ecrins.

Dévoluy avec le Grand Ferrand.

A la descente, on suit sagement le GPS et trouvons sans difficultés le sentier que nous avions perdu.

Extrait de carte IGN

Vendredi 25 mars : Les deux cols et les Chabottes (dénivelé cumulé : 470 m).

Jour gris qui n’incite pas à s’engager en altitude, d’autant plus que la fatigue se fait sentir, après les 1100 m de dénivelé du Durbonas et un début de semaine très actif.
Le sentier du col de Guillotier serpente dans un adret sec de hêtres sur éboulis. La neige est absente et les raquettes inutiles restent sur les sacs. Un rayon de soleil nous est accordé et nous montons nus jusqu’au col. L’autre versant (nord) est encore enneigé, mais trop irrégulièrement pour justifier les raquettes. Une traversée légèrement descendante nous conduit au col du Pendu où Dominique et Guy nous quittent pour rentrer dans leurs pénates.

Du Pendu, le sentier descend vers la prairie des Chabottes en traversant sur la fin des pentes impressionnantes dominant le torrent. Tout faux pas est interdit.
A la cabane des Chabottes, le ciel est couvert. Nous mangeons, habillés, sur la table et les bancs installés là par l’ONF. Nous rentrons au gîte par le col du Pendu. La pluie arrive au moment où nous franchissons la porte.

Extrait de carte IGN

Samedi 26 mars : La montagne de Chamousset (2089 m : dénivelé 889 m).

Depuis Saint Julien, le Chamousset nous fait de l’œil par dessus la crête du Pendu. Le premier jour il était uniformément blanc, mais après ces quelques jours de beau temps la neige a presque complètement disparu. Sans quoi, nous n’aurions d’ailleurs pas pu réaliser cette ascension car les pentes sont très raides (de l’ordre de 45°).
La neige a également daigné fondre dans la gorge du Riou Froid, libérant l’accès automobile au Pré du Garde et nous évitant ainsi une heure de marche préliminaire sur goudron.
Dès le départ, le sentier annonce la couleur, s’élevant par de nombreux lacets dans un adret raide et coupé de barres rocheuses. Le premier ressaut franchis, on rejoint une route forestière que l’on suit sur quelques centaines de mètres, puis que l’on abandonne pour une combe ombragée où subsiste de la neige. Au col de Pré-Pinel, le sentier reprend son ascension et sort rapidement de la forêt pour louvoyer dans de raides pentes d’herbe.

Comme d’habitude les lièvres courent devant et n’ont ni carte ni GPS. Je suis derrière avec le reste du groupe ; mais au bout d’un moment les choses ne correspondent plus au souvenir que j’ai de la carte. Un coup d’œil au GPS : nous sommes engagés sur un sentier sans issue (du moins en cette saison). Je bat le rappel, mais les plus rapides sont trop loin et préfèrent monter droit dans la pente (45° sur herbe sèches ! Sur les mottes comme dit Philippe).

Les plus sages font demi-tour et retrouvent le bon sentier qui conduit tranquillement à la crête.
Cette dernière large et peu pentue conduit au sommet par une alternance de plaques d’herbe et de neige.
Un vautour passe et repasse de plus en plus près intrigué par ces humanoïdes inhabituellement dévêtus.

Nous retrouvons Philippe et Jacques Marie qui nous ont précédé au sommet. Ils ont croisé des chamois de près, nous diront-ils.
Le sommet est une étroite arrête de neige où il vaut mieux ne pas trop stationner. Les photos prises, la pause déjeuner sera plus bas à l’abri du vent.

Panorama sur le Dévoluy.

Jacques Marie a monté une bouteille de Clairette de Die et nous fêtons dignement la dernière rando de ce séjour particulièrement réussi.

Extrait de carte IGN