Le crêt du Grand Chat et le Rognier

29 septembre 2010

Seul.

Alpes, Massif de Belledonne Nord.

Une randonue des premières neiges.

Mercredi, était le seul jour de beau temps prévu dans la semaine. j’avais lancé un appel à randonue dans la liste Yahoo, mais personne n’était disponible pour m’accompagner.
j’ai donc décidé d’aller reconnaitre un itinéraire dans le Nord du massif de Belledonne qui m’était jusque là inconnu : la crête de la Mollarde. L’ascension en final de la Pointe du Rognier me semblant un complément intéressant.
Donc, du col du Grand Cucheron, je remonte en voiture la longue route forestière qui conduit aux cabanes de la Jasse.
10 h du matin. Au terminus, trois voitures sur le parking et deux ramasseurs de champignons qui sont sur le retour. Par contre, les deux autres voitures sont de toute évidence celles de chasseurs (étuis à fusils laissés à l’intérieur).
Je m’engage sur la piste qui monte à la tourbière du Leyat. Des traces toutes fraiches de 4×4 m’incitent à rester prudemment habillé.
De toute façon, je prend toujours le temps de m’échauffer, d’observer, d’écouter, de sentir l’ambiance de la montagne avant de me mettre nu.
Au bout de la piste, à 100 m de la tourbière, pas de voiture, mais, dans la boue, les traces d’un demi-tour.
Je suis donc probablement seul dans le secteur.

La tourbière du Leyat.

La tourbière resplendit au soleil, et je me déshabille pour une première photo.

Dans la forêt.

Le sentier s’enfonce dans une sombre forêt jusqu’au col de Champet ou je retrouve une prairie et une belle vue sur la Chartreuse.

Au col du Champet.

L’itinéraire s’élève ensuite sur la crête Nord de la Mollarde, zigzaguant entre des touffes d’arcosses. j’entend un peu en dessous le grelot d’un chien de chasse et me met à siffloter à chaque fois que je m’engage ou sort d’un buisson.

Mont Blanc.

La Grande lauzière.

Tout au fond, la pointe du Rognier, but de ma balade.

Les arcosses finissent par disparaitre et la crête devient herbue. Je suis alors reconnaissable de loin comme un humain (un peu spécial, mais un humain quand même) et angoisse un peu moins par rapport aux chasseurs.

Sur la crête de la Mollarde.

Grand Arc et Mont Blanc.

En approchant du sommet du Grand Chat, une tache de rouge vif attire mon regard juste à coté du cairn et je me rhabille craignant la présence d’un autre randonneur, en fait il s’agit d’un bouquet de fleurs déposé là en mémoire d’un montagnard décédé en ces lieux.

Tourbière.

De ce sommet sans importance, la vue est extraordinaire sur les Alpes fraichement enneigées : Mont Blanc, Grand Arc, chaine de la Lauzière, moyenne Maurienne, etc…

En descendant sur le col D’Arbéterant.

La descente sur le col d’Arbaretan est rapide et je traverse avec quelques précautions l’alpage où paissent encore des vaches et des chevaux. Mais point de berger en vue.

Col d’Arbéteran.

Autre tourbière, la Chartreuse en fond.

Lac des Grenouilles.

En direction du col de la Perche.

Le col de la Perche et les Grands Moulins.

Je trouve la neige dans la remontée au col de la Perche. Aprés avoir franchis la double barrière de fils électriques qui sépare les alpages des deux versants, je décide de poursuivre, malgré la neige, jusqu’au sommet de la Pointe du Rognier.

La remontée du vallon sous le Rognier.

Des traces de pas très fraiches me précèdent (grains de neige projetés sur des pierres qui fondent au soleil). Aucune trace de descente. Le, ou les, inconnus sont donc devant moi, pas très loin, et pour le moment je peux rester nu, car de toute évidence nous progressons dans le même sens.
Une longue traversée dans des éboulis où la vue porte sur plusieurs centaines de mètres, personne…
Par contre, je devrais faire attention au moment où je vais contourner un éperon pour rentrer dans le couloir qui monte à la crête et non loin de ce point je me rhabille (short, T shirt). J’ai bien anticipé, car juste à ce point débouche un chasseur qui redescend, couvert d’une lourde veste; le visage ruisselant de sueur.
Un petit brin de causette, « Et bien, vous êtes réchauffé vous… ». (s’il m’avait vu 5 mn avant !) Il me montre fièrement un chamois au guet sur qui se détache héraldique sur l’arête en face de nous, trop loin pour être tiré. Il est monté jusqu’au sommet du couloir où il a fait demi tour car il y a beaucoup de neige dans des passages un peu scabreux sur l’arête, mais il y accompagné « un jeune » qui a continué en direction du sommet avec piolet et crampons.
Bien sur, dès qu’il a tourné le dos, d’autant plus que je suis en plein soleil et à l’abri du vent, je retrouve ma tenue de peau.

Au sommet du couloir.

Au sommet du couloir, l’ambiance est plus froide. Le « jeune » à laissé de bonnes traces et je m’engage sur l’arête rocheuse à sa suite. De difficultés, il n’y en a pas, de bonnes têtes de rocher permettent de s’assurer avec les mains, dès que le pied est un peu incertain.
A la moitie du parcours de l’arête quelques crampes se font sentir dans mes mollets. Il serait bon que je fasse une pause pour boire et manger. Je m’assied sur une dalle sèche et à l’abri du vent du coté sud de l’arête.
Alors que je déballe le contenu de mon sac, le grincement de crampons sur le rocher m’indique le retour de « l’alpiniste ». Je le vois déboucher d’une petite brèche et s’engager sur la trace en ma direction. Je n’ai guère envie de me rhabiller, car cela nécessiterait une gymnastique peu appropriée avec l’inclinaison des lieux.
L’homme est fort embarrassé avec ses outils qui se coincent dans les pierres et bottent dans la neige mouillée. Affairés avec ses pieds, il passe à 3 m de moi sans même me voir….

Les crêtes par lesquelles je suis venu.

Approche du sommet.

A la croix sommitale.

Encore 10 mn et je suis à la croix du sommet. Vue magnifique sur toute la chaine de Belledonne et la vallée de la Maurienne, cependant, un petit vent du Nord m’incite à ne pas rester trop longtemps en ces lieux. J’entame la descente, mais au bout de 50 m des crampes atroces dans les mollets me clouent sur place. Je pense que le froid y est pour quelque chose et décide de me rhabiller sérieusement. enlever les chaussures, enfiler un pantalon, remettre les chaussures sont un supplice. Mais enfin avec une veste polaire, je retrouve la chaleur. Les crampes s’estompent et je puis reprendre ma route.
Le parcours de l’arête en sens inverse se fait sans histoire. Par contre, dans le couloir, je glisse sur des caillasses cachés sous la neige pourrie et part sur les fesses sur quelque mètres, ce qui me vaudra quelques égratignures à la cuisse et aux mains et un beau bleu. Si je n’avais pas été habillé à ce moment là, les dégâts auraient surement été plus importants.

Vers le Nord, la chaine de Belledonne.

La fontaine du refuge de l’Arbaretan.

Personne au refuge d’Arbaretan avec sa belle fontaine, où je ne manque pas de poser avec la Grande Lauzière en toile de fond.

Chalet de la Jasse.

Une longue traversée dans les vernes, puis dans la forêt me ramène, 6 h après mon départ , au parking déserté où je m’offre le luxe de baguenauder au soleil toujours nu un bon moment à proximité de ma voiture.

Le parking (presque) désert.

Extrait de carte IGN.