Au col des Quirlies

1° novembre 2007

seul

Alpes du Nord, Oisans.
le col des Quirlies (3000 m) dans le massif des Grandes Rousses fait communiquer, par une marge selle, le glacier de Saint Sorlin au Nord avec celui des Quirlies au
Sud.

Après avoir fait toute la route depuis Grenoble sous une épaisse couche de grisaille, j’émerge enfin au desus de la mer de nuages au fond de la vallée du Ferrand. La voiture est laissée dans un virage de la route au dessus du lieu-dit « le Perron » ; au départ d’un chemin qui remonte la vallée vers le Nord.

La vallée du Ferrand sous la mer de nuage. Au fond, le pic de la Muzelle.

A 9h, le versant est déjà au soleil, mais un petit vent frais et la présence d’une voiture visible à un kilomètre de là sur mon chemin à proximité du pont me font rester prudemment habillé.
Au début la vallée se reétrécit en une gorge dans l’ombre de laquelle on distingue des cascades.

Le sentier s’élève en rive gauche. Un vent catabatique glacial dévale la gorge me forçant à sortir le pull du sac à dos. Au dessus des cascades, la vallée s’ouvre à nouveau, mais le sentier reste dans l’ombre., le soleil éclaboussant le versant en face, quelquefois à moins de dix mètres.

La haute vallée du Ferrand

Quand enfin au bout d’une heure, le soleil daigne venir jusqu’à moi, c’est a vec un grand plaisir que je finis par me déhabiller entièrement, la rapidité de la marche compensant la fraicheur ambiante. Aussi loin que puise porter mon regard, je ne distingue personne sur le sentier.
Des ruines des chalets des Quirlies, mon regard est attiré par deux points colorés qui vont et viennent au pied d’une cascade. A cette distance, ils ne peuvent distinguer mon absence d’acoutrement. Je continue donc à remonter les lacets du sentier qui mène au lac.
Les deux qui me précèdent ont perdu beaucoup de temps à franchir le torrent et je me rapproche sérieusement. Afin de garder une distance suffisante pour ne pas être dévoilé, je m’accorde une pose « casse-croute ».
Enfin, ils surmontent le verroux rocheux sous le lac et disparaissent de ma vue. Je reprend ma route.
Prudemment, l’oreille aux aguets, je franchis à mon tour la barre rocheuse et constatant que la route est libre, je continue à travers un chaos de blocs.

Du verrou sous le lac : vue sur les trois aiguilles d’Arve et le Goléon.

Les aiguilles d’Arve pointent derrière des crêtes herbues faiblement enneigées.
Peu avant d’arriver au lac, je remet un short, me doutant que les deux personnes qui me précédent sont quelque part au bord. je les repère emballées dans des « doudounes » colorées et coiffées de bonnets. Quel contraste avec moi qui était entièrement nu il y a 5 mn et me serais à nouveau 100 m plus loin !
En rive gauche du lac se développe une vaste terrasse sur laquelle je suis hors de portée de vue et qui vient butter sur des moraines et des éboulis fort pentus.

Le glacier des Quirlies vient finir sa course dans le lac du même nom.

la remontée en rive gauche du glacier dans les éboulis est longue et pénible et ce n’est que vers 2800 m d’altitude que je débouche en vue du col.

Col des Quirlies, versant sud.

Le glacier est sec de neige comme en été, mais la glace est dure et lisses et ne concède aucune adhérence. Je finis cependant par déboucher sur la selle du col en zizaguant entre les crevases bien présentes.

Le col est une large selle glaciaire entre les glaciers des Quirlies et de l’Etendard. An fond, le Mont Blanc.

En cette saison, à 3000 m d’altitude, sur le col, le vent est frais et je fais rapidement demi-tour.

Navigation entre les crevasses qui ne sont bouchées que de fragiles ponts de neige fraiche soufflée.

La descente dans les éboulis et les cailloux posés sur la glace est tout aussi pénible que la montée, mais en fin de compte rapide.
Les bords du lac sont maintenant pas mal habités, et je remet le short pour quelques temps. je passes torse nu devant tout ce petit monde endoudounné en disant bien bonjour…
Un peu en dessous du verrou rocheux, j’avise un variante qui m’éloigne du chemin principal et dès que j’ai tourné la première bosse qui me soustrait aux regards, je retrouve ma nudité.

La journée commence à être bien avancée et désormais tout le monde descend. Il me suffit de tenir les distances avec ceux qui sont devant et de surveiller de temps à autre en arrière si personne ne me rattrape.
C’est presque en arrivant en bas que je me fait surprendre par un VTT qui montait, difficilement visible à cause du contre-jour. Nous échangeons un bonjour, mais il a du me prendre pour un fou en raison du froid qui devenait perçant.
En haut des cascades, je détecte juste à temps un groupe de touristes sur le sentier en dessous et me rhabille définitivement.

Extrait de carte IGN.