A la Croix de l’Alpe

juin 2007.

Seul.

Alpes, massif de la Chartreuse.

Les Varvats, au dessus de Saint Pierre d’Entremont, à 18 h 30. Quand je me gare sur le parking, il n’y a qu’une seule voiture immatriculée en Savoie. Une chaleur lourde (il a fait 35° à Grenoble dans l’après-midi), persiste malgré un ciel gris. Je pars en short et polo, avec un petit sac à dos remplis d’un casse-croute et de mon appareil photo.
Le premier raidillon me met en sueur et je me retrouve torse nu. J’hésite à enlever le bas à cause du propriétaire de la voiture que j’imagine en train de descendre de l’alpage. A la côte raide, succède un long parcours quasi horizontal sous forêt sur près d’un kilomètre. Vers la fin de ce plat je croise mon inconnu, qui descend légèrement vêtu d’un long Tshirt blanc s’arrêtant au haut des cuisses, sans que l’on puisse savoir s’il y a autre chose entre les jambes. Un sourire que je perçois comme complice et il s’éloigne derriere moi. Estimant ne plus risquer de faire de rencontres, je délivre mon corps du dernier carcan alors que j’arrive à la fontaine de “Ruine Bâton“. L’eau fraiche est bienvenue, et j’entreprend la montée du raide sentier qui fait suite à la large piste suivie jusque là.
Bien qu’en tenue de peau, je sue abondamment et un nuage de mouches et autres insectes désagréables me suit dans mon sillage, se regroupant vombrissant à chaque pause. Sous bois, avec un ciel bien gris, la lumière est faible et ne se prête pas à prendre des photos. c’est donc avec un certain soulagement que je débouche dans la première prairie.

Le vallon de Pratcel se présente comme un long couloir encadré de barres rocheuses que l’on remonte par une série de verroux boisés et de plans herbus successifs jusqu’au col de l’Alpe.

Progressivement le ciel s’améliore et quelques rayons d’un soleil pâle pointent sur l’horizon, loin, au dessus des collines du bas Dauphiné.

Les arbres deviennent plus rares et l’étroit couloir s’ouvre sur une prairie déserte. Aucune clarine ne résonne sur l’alpage ; les troupeaux ne sont pas encore monté, donc peu de risque de me retrouver dans les jumelles d’un berger.

Une petite pose à coté d’un habert en ruine….

A l’arrière, les Lances de Malissard.

…puis la remontée des pentes finales sous le col, alors que le soleil réapparaît entre deux bandes de nuages.

Coté Savoie.

Au col, à proximité d’une des bornes frontières séparant le royaume de France de celui de Savoie.

De la crête, la vue plonge sur la vallée de l’Isère (le Grésivaudan) qui s’enfonce dans le crépuscule.
Un léger vent frais se lève enfin, alors que j’entreprend la descente. Par contraste avec tout à l’heure, il fait presque froid et je hâte le pas. Plus bas, la forêt a conservé la chaleur du jour. Je musarde un peu afin de profiter jusqu’au dernier moment de ma nudité et finit par déboucher toujours en tenue de peau sur le parking désert où seule ma voiture m’attend.

Extrait de carte IGN.